Tout savoir sur le varroa

Traitement à base d’acides organiques

Il existe plusieurs traitements efficaces pour lutter contre les infestations de varroas. Dans la catégorie des traitements chimiques acaricides, l’usage des acides organiques est intéressant.

Quelle est l’action des acides organiques sur le varroa ?

L’action des acides organiques – acide formique et acide oxalique – sur le varroa n’est pas encore élucidée. Mais on constate son efficacité, ainsi que l’absence de développement de résistance. Il agit par contact, mais aussi par voie interne puisque le principe actif se retrouve dans les tissus des abeilles. Les traitements liquides contiennent du sucre qui favorise l’ingestion par les abeilles, mais qui présente aussi une bonne viscosité. Le liquide “collant” va adhérer aux insectes et aux acariens, ce qui potentialise son action.

Le traitement par dégouttement consiste à verser goutte à goutte la solution dans la ruelle, c’est-à-dire l’espace entre deux cadres.

Les traitements à base d’acide organique permettent donc d’élargir l’arsenal contre l’acarien. Ils peuvent venir en complément de traitements qui utilisent des médicaments contenant des molécules de synthèse comme l’amitraze. On utilisera alors les préparations à base d’acides organiques en hiver, lorsque les colonies ne comptent plus de couvain fermé.

Les acides organiques sont naturellement présents dans les plantes, mais aussi dans le miel à faible concentration. Les traitements qui contiennent ces molécules sont utilisables en apiculture biologique.

Précautions d’utilisation

Bien que présentes dans la nature et à l’état de trace dans le miel, ces molécules présentes une certaine toxicité sur les abeilles. On observe après traitement la mort de quelques dizaines d’ouvrières. Généralement chez les plus jeunes abeilles dont la cuticule n’est pas suffisamment résistante pour les protéger. Les reines qui sont exposées plusieurs fois durant leur vie à ces principes actifs peuvent finir par en mourir. Ces constats s’observent modérément si l’on respecte bien les doses. L’acide formique semble plus toxique pour les abeilles et les reines peuvent être plus souvent tuées. Ces substances sont aussi dangereuses à manipulées et elles ne bénéficient pas d’une AMM à l’état pur. 

Il est donc interdit d’utiliser l’acide oxalique que l’on trouve à la vente dans les drogueries et parfois dans les commerces de matériel apicole. De plus, ces produits n’ont pas la stabilité des traitements formulés pour les abeilles.

Comment appliquer ces traitements acarides ?

Les principes actifs peuvent être appliqués par dégouttement, par pulvérisation ou par sublimation.

Traitement par dégouttement

L’application des traitements par dégouttement se fait pour une température extérieure située entre +5°C et +12°C. Une journée nuageuse, mais sans pluie convient parfaitement.

Peu ou pas de butineuses sont alors à l’extérieur de la colonie. À ces températures suffisamment basses, les abeilles ont constitué une grappe dont la densité permet encore la pénétration du liquide. Si la température est trop basse, la grappe est trop serrée et le liquide ne pénètre pas dans celle-ci. Les abeilles ne sont pas correctement et suffisamment exposées au principe actif. 

Il est conseillé de préchauffer ce liquide à une température d’environ 35 °C pour ne pas affecter les abeilles qui n’apprécient pas d’être humidifiée. On dépose “goutte à goutte” le traitement entre les cadres occupés par des abeilles. Les ponts de cire doivent si possible être supprimés pour une meilleure application. Il est pratique de disposer d’une lampe de poche pour repérer les inter-cadres – nommés aussi des ruelles – occupées par les abeilles et pour délivrer le traitement en quantité adaptée et aux bons endroits.

Les traitements demandent des précautions comme le port de gants résistants à l’acide et des lunettes de protection, pour se protéger des projections dans les yeux.

La vidéo suivant présente le dégouttement à l’acide oxalique d’une colonie formée à partir d’un essaim naturel.

Le traitement d’une nouvelle colonie qui n’a pas encore de couvain fermé permet de réduire fortement la pression parasitaire du varroa.

Traitement par pulvérisation

Il s’agit d’une variante du dégouttement. Il consiste à pulvériser un produit de traitement directement sur les cadres et les abeilles qui s’y trouve. Il est toutefois plus difficile à mettre en oeuvre, car il faut retirer les cadres un après l’autre. Il y a aussi un risque d’inhaler les gouttelettes de produit.

De plus, cette manipulation ne convient pas en hiver, car cela conduit au refroidissement des abeilles et à la dislocation de leur grappe.

Traitement par sublimation

L’acide oxalique peut aussi être appliqué par sublimation. Ce procédé consiste à chauffer à haute température des cristaux d’acide oxalique pour les faire s’évaporer. La sublimation est dangereuse pour le manipulateur. L’inhalation d’acide oxalique provoque de graves brûlures. Le port de protection et notamment d’un masque pour se prémunir de l’inhalation des vapeurs est nécessaire. 

L’api-bioxal peut être utilisé par la voie de la sublimation.

La sublimation de l’acide oxalique nécessite des mesures de protection pour le manipulateur. Source photographique : Pixabay.

Pour résumer

Les traitements par dégouttement ou par sublimation doivent se faire lorsque toutes les abeilles sont présentes dans la colonie. On observe alors de meilleurs résultats et d’importantes chutes de varroas pendant les trois à quatre jours suivants.

Il est indispensable de suivre les indications du fabriquant du produit de traitement et d’utiliser les protections individuels pour ne pas subir de brûlure.

Deux traitements avec AMM contenant de l’acide oxalique – seul ou associé à l’acide formique – sont respectivement Api-bioxal et Varromed.