Tout savoir sur le varroa

Pourquoi les varroas deviennent-ils résistants aux traitements ?

Le varroa est un fléau important en apiculture de loisir, comme en apiculture de production. Et dès son arrivée en Europe, les apiculteurs ont cherché à mettre en place des traitements. Car en l’état actuel, les abeilles mellifères (Apis mellifera mellifera) ne supportent pas les infestations.

De nos jours, il existe plusieurs traitements qui disposent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) en France. Ces produits constituent l’arsenal de l’apiculteur. Mais leur efficacité sur le varroa tend à diminuer avec le temps. On parle de résistance aux traitements.

Qu’est ce que la résistance ?

Les varroas ont très vite acquis des résistances contre plusieurs molécules. C’est-à-dire qu’ils survivent à des doses d’acaricides qui étaient par le passé mortelles pour eux. Parfois, cette résistance est 10 fois ou 100 fois supérieure à la normale.

C’est le cas du Tau-fluvalinate qui a rapidement perdu son intérêt et qui est moins souvent employé en apiculture.

L’amitraze qui est la molécule la plus communément employée par les apiculteurs amateurs et les apiculteurs professionnels est aussi de moins en moins efficace pour contrôler les populations d’acariens.

L’origine de ces résistances à des molécules de synthèse tient aux mutations qui s’opèrent continuellement chez ces parasites.

Comment les varroas deviennent-ils résistants ?

Comme tous les organismes, les varroas s’adaptent continuellement aux pressions de leur environnement. L’usage en apiculture de molécules chimiques fait parti des conditions environnementales des acariens.

Cette évolution repose sur des mutations qui touchent aléatoirement les gènes des varraos. Ainsi, à chaque génération de parasites, on observe l’apparition de varroas qui ont des caractéristique originales, absentes chez leurs parents. Et puisque les varroas se reproduisent rapidement et en nombre, les mutations sont d’autant plus fréquentes.

Les mutations peuvent toucher les gènes des neurones des varroas, et plus particulièrement ceux qui codent pour le fonctionnement des récepteurs chimiques qui ne trouvent à leurs surfaces.

Ainsi, les molécules neurotoxiques – comme l’Amitraze et le Tau-fluvalinate – qui viennent se lier aux récepteurs des neurones des varroas deviennent beaucoup moins efficaces, lorsqu’une mutation modifie le fonctionnement de ceci.

Pour en savoir davantage sur le phénomène de résistance chez les varroas, consultez la soutenance de thèse Gabrielle Almecija, sur la vidéo suivante.

Soutenance de thèse Soutenance de thèse Gabrielle Almecija (chaîne d’Apinov)

Comment éviter l’apparition des résistances ?

L’apparition des résistances est la conséquence des pratiques apicoles. Il faut donc prendre en considération l’application des traitements et leurs alternances.

Respecter les doses et les durées d’application

Les phénomènes de résistance ont plus de chance de se mettre en place dans des colonies où les traitements ne sont pas bien effectué. En effet, si l’on ne respecte pas la concentration en produit et la durée du traitement, on tendra à sélectionner involontairement des lignées de varroas résistants. Il faut donc respecter les indications des fabricants des médicaments.

On peut comparer la résistance des varroas aux acaricides à la résistance des bactéries aux antibiotiques. L’usage inapproprié des antibiotiques chez l’Homme et chez les animaux a abouti à la sélection et à la propagation de bactéries résistantes qui causent de nombreuses décès chaque année.

Alterner les molécules

Pour éviter qu’une lignée résistante à un acaricide colonise vos ruches et viennent ensuite à s’imposer à l’échelle des ruchers de votre région, puis d’un pays, il est nécessaire d’alterner les molécules.

En effet, une lignée résistance pour l’Amitraze, n’aura probablement pas de résistance pour le Tau-fluvalinate. Ainsi, les GDSA préconisent chaque année, quelle est la molécule à employer. Il est donc important de suivre cette recommandation, car la lutte contre les varroas doit mobiliser tous les apiculteurs, qu’ils soient amateurs ou professionnels.

On peut aussi suspendre l’usage des produits chimiques cités durant une année. Et les remplacer par les traitements à base d’acides organiques.

Acheter localement ses reines et ses colonies

Enfin, la prolifération des lignées résistantes repose en grande partie sur le commerce national et international des reines et des colonies d’abeilles. Pour lutter contre cette tendance, essayez d’acquérir vos abeilles localement. On évite alors la progression des varroas résistants.

Existe t-il des produits toujours efficaces ?

Heureusement, certains produits semblent garder leur efficacité, car les varroas ne développent pas de résistance. C’est le cas des médicaments vétérinaires qui contiennent de l’acide oxalique. Bien que le mode d’action de l’acide oxalique ne soit pas clairement identifié, les mutations chez les varroas ne les protègent pas.