Le varroa est un acarien originaire d’Asie, où il parasite Apis cerana. Arrivé en Europe, il s’est parfaitement adapté à un nouvel hôte, Apis mellifera. Mais l’inverse n’est pas vrai. Notre abeille mellifère ne peut pas se protéger et combattre efficacement l’infestation. Ainsi la varroose – nom que l’on donne à la maladie provoquée chez Apis mellifera – est un problème majeur pour l’apiculture, mais aussi pour la survie des populations d’abeilles mellifères sauvages.
Il est nécessaire comprendre la biologie et l’écologie des varroas pour mettre en place des actions de lutte adaptées et garder ainsi ses colonies dans un état sanitaire optimal.

Origine et invasion
Le varroa a été signalé la première fois en France en 1982 et en Belgique en 1984. Cet acarien est originaire d’Asie orientale, où il est parasite d’Apis cerana, une abeille proche d’Apis mellifera. Dans son aire d’origine et lorsque parasite l’abeille asiatique, il est nommé Varroa jacobsoni. Le passage sur l’abeille mellifère a modifié quelque peu l’acarien qui est alors connu sous le nom de Varroa destructor.
Deux lignées de varroas sont présentes sur les abeilles mellifères et son responsables de l’enzootie mondiale que nous connaissons. Il s’agit d’un haplotype koréen et d’un haplotype japonais. Il est donc fort probable que le passage de l’acarien d’Apis cerana à Apis mellifera se soit produit dans ces régions d’Asie.
Notre abeille mellifère est une meilleure productrice de miel que sa cousine asiatique. Elle a donc été adoptée par des apiculteurs au Japon et en Corée. Se retrouvant sur le territoire d’Apis cerana, la transmission de l’acarien a été facilitée. Les échanges commerciaux – ventes d’essaims et de reines – ont favorisé la dispersion de Varroa destructor et son arrivée en Europe.
La propagation a été très rapide et en quelques années la plupart des régions européennes ont été touchées par l’acarien. Seules quelques îles – suffisamment éloignées du continent – ne sont pas concernées par la varroa. Dans le monde, rares sont les pays indemnes de varroa. Mais on peut citer l’Australie et quelques archipels d’Océanie, ainsi que certaines régions d’Afrique centrale.
Alimentation
Le varroa a pendant longtemps été présenté comme un parasite qui s’alimente de l’hémolymphe de l’abeille. Mais des études ont montré que l’acarien se nourrit du corps gras des larves, nymphes et abeilles adultes. Ce qui explique que son impact sur la santé de l’abeille soit aussi important.
Les pièces buccales du varroa femelles sont assez fortes pour percer la cuticule de l’insecte. Sa salive va être infestée et permettre la digestion des tissus de l’abeille, qui seront ensuite avalés. Par contre, les varroas immatures sont dépendants de la présence de leur mère pour s’alimenter.
Cycle biologique
Le varroa se reproduit dans le couvain des abeilles. Il a une préférence pour les alvéoles des faux-bourdons, qui les attirent davantage que les alvéoles des ouvrières. Mais il est capable de parasiter les deux types de larves.
Le varroa dépend entièrement de la présence du couvain pour se reproduire. Sans couvain sa population n’augmente pas. Lorsque le couvain vient à disparaître – suite à une rupture de ponte de la reine abeille – tous les varroas migrent sur les abeilles adultes. Il sont alors qualifiés de varroas phorétiques. Par contre, lorsque le couvain est à son maximum, la population des varroas peut doubler tous les 20 jours.
Le début du cycle de reproduction correspond à l’entrée d’une femelle adulte – nommée un fondatrice – dans une alvéole, quelques heures avant son operculation. Ainsi à l’abri sous cette pellicule de cire, la fondatrice va pondre ses oeufs. Les larves qui vont en émerger vont se nourrir sur la nymphe de l’abeille. Une fois la nymphose de l’abeille terminée, les varroas – mère et jeunes femelles – vont quitter l’alvéole pour parasiter d’autres alvéoles.
Varroose
La varroose est la maladie causée par une surinfestation d’acariens. On la nomme communément varroase et parfois varroatose. Mais ces termes ne sont pas corrects.
La varroose se caractérise par des symptômes apparents sur les abeilles adultes, comme le corps ou des ailes déformées, des difficultés à se déplacer et un sens de l’orientation amoindrie. Mais les signes touchent aussi l’ensemble de la colonie, avec notamment de moindre performance pour produire du miel.
Cette maladie d’Apis mellifera est due aux dégâts engendrés par les acariens eux mêmes, mais aussi à des infestions virales opportunistes. Le varroa est un vecteur de plusieurs virus, qui vont amplifier les atteintes et contribuer au dépérissement de la colonie.