Tout savoir sur le varroa

Varroa – Ennemi apicole n°1

Ce site se consacre à un enjeu majeur de l’apiculture qui est la lutte contre le varroa. Les dégâts provoqués par ces acariens tueurs d’abeilles sont très importants. L’incidence sur la santé des abeilles est comparable aux dégâts dûs aux pesticides et autres produits phytosanitaires, comme les redoutables insecticides néonicotinoïdes. Les femelles varroas s’attaquent au couvain des abeilles et se reproduire dans leurs alvéoles. Les jeunes varroas s’alimentent sur les nymphes, jusqu’à atteindre leur maturité. Le cycle de reproduction est très rapide. Et chaque mois, la population des varroas d’une ruche va doubler.

De nombreux apiculteurs – amateurs ou professionnels – ont perdu leur cheptel suite à une infestation non contrôlée – maladie nommée la varroose – de ces acariens parasites. Le taux de mortalité augmente et la production de miel et de gelée royale diminuent. La varroose est considérée comme responsable du syndrome d’effondrement des colonies. Phénomène mondial qui fait craindre la disparition des abeilles. Elle est aussi problématique que n’a été l’acariose au début du XXème siècle, maladie provoquée par l’acarien des trachés.

Il est donc indispensable de bien connaître la biologie de cet organisme nuisible et les actions à mettre en place. Il s’agit notamment de maîtriser le comptage des acariens et savoir appliquer les traitements des ruches, afin d’éviter le déclin des colonies. Aussi, il faut adapter ses pratiques et installer ses ruches dans des milieux riches en plantes mellifères et peu exposés aux pollutions.

Qu’est ce que le varroa ?

Le varroa n’est pas un insecte, mais il s’agit d’un acarien de la famille des Varroidae. Il est originaire d’Asie où il parasite Apis cerana, l’abeille asiatique. Dans des conditions normales, ces abeilles asiatiques et les varroas coexistent, sans que la colonie soit en danger. Ces abeilles se sont adaptées pour limiter l’infestation des acariens. Et le varroa est davantage intéressé par les larves des faux-bourdons que les larves d’ouvrières.

En Europe et dans de nombreuses régions du monde où il s’est implanté, le varroa est dévenu un ectoparasite des abeilles mellifères (Apis mellifera), chez qui il cause de gros dégâts aux colonies. Car contrairement à l’abeille asiatique, notre abeille à miel est incapable de se défendre.

Les importations d’essaims, des reines et les transhumances ont accéléré sa propagation de part le monde. Depuis les années 80, il est responsable de perte de milliers de colonies chaque année. La mortalité hivernale et le syndrome d’effondrement des colonies dans certaines régions sont liés à des infestations incontrôlées.

Les conséquences sur l’apiculture, mais aussi sur les colonies d’abeilles sauvages sont très importantes. Les abeilles locales comme l’abeille noire sont en danger de disparition. Le varroa est devenu un danger pour la biodiversité.

L’impact du varroa peut aussi se faire ressentir sur les écosystèmes et les cultures. Car beaucoup de plantes à fleurs dépendent des abeilles butineuses pour être pollinisées. C’est notamment le cas des arbres fruitiers dont les rendements baissent significativement si les abeilles sont absentes. La pollinisation des cultures est compromise si la santé des abeilles n’est pas bonne.

Varroas adultes (Source photographie : U.S. Department of Agriculture, licence CC BY 2.0, Flick)
Varroas adultes (Source photographie : U.S. Department of Agriculture, licence CC BY 2.0, Flick)

La biologie et l’écologie du varroa sont complexes. Ce parasite met en place des stratagèmes pour devenir furtifs et échapper à la vigilance des ouvrières. Il se cache dans les cellules operculée pour se reproduire. Caché sous l’opercule dans une alvéole, il est alors hors de portée des nourrices qui s’occupent et soignent les larves et des traitements utilisé par l’apiculteur. Il est aussi capable de produire des odeurs similaires aux abeilles qu’il parasite pour se rendre invisible et échapper à l’épouillage. On parle de mimétisme chimique. Les varroas vont acquérir et prendre l’odeur de la ruche. Les abeilles ne peuvent alors plus les distinguer du reste de la colonie.

La gestion des infestation des varroas est nécessaire, mais elle reste compliquée. Pour limiter les pertes, l’apiculteur – qu’il soit amateur ou bien qu’il soit professionnel – doit bien comprendre la biologie du varroa.

Comment reconnaître cet acarien ?

Le varroa est un petit acarien qui mesure entre un millimètre de long et un millimètre et demi de large. Son corps est aplatie et de couleur brun ou rougeâtre. Sa face dorsale est couverte de poils. Le varroa est visible à l’oeil nu, mais il est nécessaire de savoir à quoi il ressemble pour le détecter, lorsqu’il est mêlé à des déchets dans le fond d’une ruche. Sur les abeilles adultes, il est plus difficile à observer. Sa forme aplatie lui permet de se fixer entre deux segments de l’abdomen d’une abeille. On estime que 99 % des varroas échappent ainsi à la vue de l’apiculteur.

Varroa destructor est un acarien à la forme aplatie caractéristique. Source photographie : Pixabay.

Qu’est ce que la Varroose ?

La maladie provoquée par les varroas est nommée la varroose. Mais on entend et on peut lire souvent le terme de varroase et plus rarement celui de varroatose, bien que ceux-ci sont impropres.

Les varroas se reproduisent rapidement dans de couvain. Et chaque mois, leur population double. Lorsqu’ils sont très nombreux des signes de varroose apparaissent. Le seuil critique est estimé à 2000 varroas pour une colonie d’abeilles qui compte 50 000 individus. Au-dessus de ce seuil, on retrouve des abeilles avec les ailes déformées incapables de voler. La production de miel va diminuer car les butineuses vont vivre moins longtemps et collecteront moins de nectar. Les nourrices qui auront été parasitées seront aussi moins performantes pour produire de la gelée royale et nourrir le couvain.

Les varroas ponctionnent les larves et les abeilles adultes et se nourrissent de leurs tissus adipeux, le corps gras. En plus d’être responsables de leur affaiblissement et la réduction de leur longévité, les varroas sont vecteurs d’agents pathogènes. La varroose s’accompagne souvent de viroses dues au virus des ailes déformées, le DWV. Le varroa inocule d’autres virus dangereux pour les abeilles. Cette synergie entre acarien et virus semble être responsable de la plupart des effondrements rapides des colonies.

Quand traiter le varroa ?

L’apiculteur doit connaître les effets et les conséquences d’une infestation de varroas sur ses colonies d’abeilles. Il doit régulièrement effectuer des comptages pour évaluer la population des varroas dans chaque colonie. Il doit ensuite décider de traiter pour réduire la population en dessous d’un seuil de dangerosité.

Les varroas se retrouvent surtout dans le couvain lorsque la reine pond abondamment, mais on les retrouve aussi fixés sur les abeilles adultes. Lorsque la reine ne pond plus et que le couvain disparaît, tous les varroas migrent sur les abeilles adultes pour se nourrir. On parle des varroas phorétiques.

varroa phorétique sur abeille adulte
Les varroas qui se positionnent sur les abeilles adultes sont nommés des varroas phorétiques. Source photographique : Pixabay

Pour savoir quand traiter une infestation de ces acariens parasites, il faut procéder à des comptages des varroas. On compte les acariens qui tombent naturellement. Mais on peut aussi décrocher les varroas phorétiques fixés sur les abeilles adultes ou rechercher ceux qui se trouvent dans le couvain fermé. Suite à ces dénombrements, il est possible de faire des estimations sur la population des acariens qui pullulent dans une ruche. Au dessus du seuil critique d’infestation il est nécessaire de procéder à un traitement.

La survie de la colonie dépend des traitements acaricides utilisés durant la saison apicole. Les abeilles doivent être correctement déparasitées avant l’hivernage. Un seul traitement de fin de saison n’est souvent pas suffisant. Il faut effectuer un traitement flash à la fin de l’automne lorsque la reine ne pond plus et que le couvain à disparu. Ainsi au printemps suivant, lorsque la reine recommence à pondre, le nombre des varroas est alors supportable pour que la colonie se développe rapidement.

Le traitement des colonies peut se faire après les essaimages. Les essaims que l’on récupère sur son rucher ou à l’extérieur contiennent des varroas. Mais l’absence de rayons de cire et de couvain chez les toutes nouvelles colonies d’abeilles permet de traiter dans des conditions optimales. Le taux de mortalité des acariens est alors maximum.

Comment traiter le varroa ?

Depuis leur arrivée en France en 1982, de nombreux traitements ont été testés par les apiculteurs professionnels ou amateurs, les groupements sanitaires et les centres de recherche. Au sein d’un même rucher, les résultats aux différents traitements contre les varroas sont variables en fonction de(s) :

  • techniques et des molécules employées,
  • la résistance des varroas à certains produits
  • la période pour traiter
  • autres techniques employés par l’apiculteur

Le choix des traitements utilisés contre le varroa dépend aussi du type d’apiculture, du temps dont on dispose et des moyens financiers. Mais les médicaments vétérinaires utilisés sur les ruches doivent faire l’objet d’une autorisation de mise sur le marché (AMM), comme le rappel le Ministère de l’agriculture. Sans quoi l’apiculteur d’expose à des sanctions comme la destruction du miel produit et de ses colonies.

Les apiculteurs professionnels ont des contraintes de rentabilité. Les infestations de varroas provoquent des pertes de rendement, car les ouvrières des ruches infestées vivent moins longtemps et récoltent ainsi moins de nectar et de pollen. Ils ont besoin d’un traitement facile à mettre en place et qui reste économique.

Les apiculteurs qui pratiquent une apiculteur biologique, une apiculture naturelle ou une apiculture de type raisonnée, s’orienteront vers des méthodes et des traitements qui n’utilisent pas des insecticides de synthèse et autres produits chimiques. Les résidus de pesticides doivent être absent du miel et de la cire.

Autres parasites des abeilles mellifères ?

Apis mellifera est une espèce touchée par de nombreux agents pathogènes ou d’autres parasites responsables de maladies pouvant être graves pour les colonies contaminées. Les échanges commerciaux sont à l’origine de l’introduction de nouveaux organismes nuisibles, comme le frelon asiatique (Vespa velutina) et le petit coléoptère des ruches (Aethina tumida). Les pratiques apicoles conventionnelles – commerce des essaims et des reines, transhumance – contribuent parfois à sa dispersion locale.

Afin de protéger la filière apicole, de nombreux organismes s’engagent dans une lutte coordonnée. Le succès en apiculture dépend en grande partie sur la gestion des organismes nuisibles au niveau régional ou national. La varroose est un problème majeur, mais il ne faut pas oublier l’impact des maladies microbiennes comme la loque américaine et la nosémose. Des insectes prédateurs – comme le frelon asiatique – sont aussi des préoccupation qui viennent s’ajouter aux précédents fléaux

Comment bien pratiquer l’apiculture ?

Pratiquer l’apiculture au XXIème siècle demande une motivation importante et des connaissances avancées pour qui souhaite élever des abeilles domestiques. Car si garder des ruches dans son jardin peut sembler anodin et accessible, dans les détails les colonies abeilles attendent des soins adaptés pour rester en bonne santé et se maintenir sur le long terme.

Il est nécessaire de disposer son rucher dans un environnement sain pour les abeilles. La présence de cultures traitées sur l’aire de butinage est préjudiciable. Certains produits phytosanitaires augmentent les dégâts du varroa. De même, si les milieux naturels sont fortement perturbés et ne présente pas une diversité floristique et une quantité de plantes mellifères suffisantes. La santé d’une colonie d’abeilles dépend avant tout de la qualité du milieu environnant.

Lorsqu’une colonie ne trouve pas les nutriments nécessaires dans le nectar et le pollen collectés sur l’aire de butinage, ou lorsque les quantités de miel collectées par l’apiculteur sont trop importantes, la santé des abeilles se dégrade. La colonie fragilisée doit recevoir des traitements, mais aussi des nourrissement sous la forme de sirop ou de pain de candi.

La bonne pratique de l’apiculture passe avant tout par des connaissances sur le comportements et les besoins des abeilles. Il faut donc débuter son projet apicole par une formation au sein d’un rucher école. On peut aussi suivre une formation en ligne pour acquérir un complément de connaissances théoriques. Car si l’apiculture est une pratique, l’analyse de la situation de chaque ruche demande des savoirs.