Bien moins connu que le varroa et l’acarien des trachées, il s’agit d’un parasite de l’abeille géante Apis dorsata. Il est originaire d’Asie et son aire de répartition naturelle couvre l’Asie du Sud-Est et l’Inde. Il a aussi été identifié dans d’autres régions d’Asie (Iran, Afghanistan) sur Apis mellifera. Une espèce proche Tropilaelaps mercedesae s’attaque aussi à Apis mellifera.
Cet acarien n’est pas encore présent en Europe, mais des mesures sanitaires ont été prises pour s’opposer à son introduction. Ces mesures touchent l’importation de reines et d’essaims d’Apis mellifera et de bourdons (genre Bombus). en provenance de pays tiers de l’Union Européenne, à l’exception de la Nouvelle-Zélande. Tropilaelaps clarae est une espèce dont la déclaration est obligatoire sur tout le territoire de l’Union Européenne.
La forme de l’acarien est ovale et allongée. Il mesure un millimètre de long pour un demi millimètre de large. Tropilaelaps clarae est plus long que large, contrairement à Varroa destructor qui lui est plus large que long. Comme pour le varroa, cet acarien se reproduit dans les alvéoles qui contiennent des larves.
Cet acarien est un parasite du couvain operculé. Le comportement et le cycle de vie de Tropilaelaps clarae sont proches de ceux du varroa. Une femelle fertile intègre une alvéole avant son operculation, puis il parasite la larve en prélevant son hémolymphe. La femelle va ensuite pondre un œuf toutes les 48 heures. Cet acarien ne se nourrit pas sur les abeilles adultes.
L’acarien s’attaque au couvain de toutes les castes : ouvrières, faux-bourdons et reines. Mais il est davantage attiré par le couvain des faux-bourdons. Son cycle de développement dure une semaine et il prolifère plus rapidement que le varroa. Il provoque une forte mortalité du couvain et la moitié des larves parasitées sont tuées. Sur les abeilles qui survivent, on retrouve souvent des ailes malformées. On observe aussi comme signe d’infestation des malformations des pattes et des déformations de l’abdomen. On cite aussi la présence d’abeilles qui ont du mal à se déplacer sur les cadres ou sur la planche d’envol de la ruche. Les colonies fortement touchées peuvent parfois déserter leur nid. Mais généralement une colonie périt en moins d’une année après son infestation.
En plus des signes d’une infestation, l’apiculteur peut faire une recherche de l’acarien dans sa colonie. Comme pour le varroa, il est possible de réaliser un comptage des adultes sur lange graissé placé sous une ruche à fond grillagé. On peut aussi rechercher les acariens fixés sur les larves et les nymphes des alvéoles operculées. En cas de détection d’acariens semblables à Tropilaelaps clarae, il est nécessaire d’en faire la déclaration auprès de la DDPP de son département. Les échantillons sont envoyés à un laboratoire. Les acariens doivent être tués avant d’être expédiés. Ceci de fait en les plongeant et en les gardant dans de l’alcool à 70%. Il est aussi possible de les placer au congélateur durant au moins 24 heures, mais l’alcool améliore leur conservation et facilite leur transport.
Cet acarien se déplace rapidement sur les rayons et sa propagation au sein d’une colonie est efficace. La dispersion du parasite au sein du rucher est rendue possible car les acariens adultes se fixent aux abeilles adultes. Cet acarien pratique comme varroa la phorésie.
Par contre, les acariens ne survivent pas longtemps (de deux à trois jours) en dehors du couvain, car ils sont incapables de se nourrir sur l’abeille dont les tissus sont protégés par une cuticule. Leurs chélicères sont trop faibles pour la percer. Tropilaelaps clareae est entièrement dépendant de la présence de couvain pour survivre et se reproduire.
Les acariens sont aussi introduits par l’apiculteur dans les nouvelles colonies lors de transfert de cadres d’une ruche à une autre. Les transhumances et l’essaimage permettent aussi au parasite de coloniser de nouveaux territoires.
Les acariens – incapables de s’alimenter sur des abeilles adultes – ne peuvent survivre hors couvain plus de 2 jours, une rupture de ponte permet de stopper l’infestation. Et il s’agit d’un phénomène qui peut être provoqué par l’encagement jusqu’à la disparition du couvain, puis la mort des acariens. L’utilisation de fond de ruche grillagé permet de déduire la croissance de la population de cet acarien, mais ne constitue pas une méthode suffisante en elle-même.