Le varroa dépend du couvain des abeilles pour se reproduire. Son cycle biologique suit celui de la colonie qu’il infeste. La femelle varroa va investir une alvéole qui contient une larve d’abeille, juste avant son operculation. Elle va ensuite parasiter l’abeille au stade nymphale et pondre ses oeufs. Sa progéniture va égelement se nourrir sur la nymphe, attendre sa maturité et s’accoupler. Lorsque l’abeille émerge de l’alvéole, elle libère en même temps une nouvelle génération d’acariens. Lorsque le couvain n’est plus présent, les varroas migrent sur les abeilles adultes qui sont parasitées à leur tour. On parle alors de varroas phorétiques.
La vie du varroa
Un varroa femelle va vivre plusieurs mois, alors qu’un mâle seulement quelques jours. Cette femelle sera donc apte à générer une progéniture abondante.
La fondatrice entre dans une alvéole
La femelle du varroa, nommée aussi fondatrice, entre dans une alvéole contenant une larve, quelques heures avant son operculation. Elle est attirée par les phéromones que la larve émet à ce stade de son développement. Ces phéromones ont pour fonction d’attirer des ouvrières pour que l’alvéole soit fermée par une fine péllicule de cire.
Pour ne pas être repérée par une ouvrière, la femelle varroa va se cacher au fond de l’alvéole et se dissimuler dans le reste de nourriture de la larve, la bouillie larvaire, apportée par les nourrices. Puis, lorsque la cellule est operculée, elle va sortir de sa cachette et se positionner sur la larve. Ses chélicères font percer la cuticule de l’insecte hôte. Le varroa peut commencer à se nourrir.
Lorsque la population des varroas est importante, il est possible que deux femelles ou davantage entrent dans la même alvéole. Dans ce cas, les dégâts causés à la larve seront beaucoup plus importants. Les abeilles qui en émergent sont souvent de plus petite taille et leur corps est souvent déformé. Parfois, les varroas trop nombreux peuvent provoquer la mort de l’hôte.
De l’oeuf à la maturité sexuelle
Après deux journées enfermée dans l’alvéole, la fondatrice va pondre un premier œuf. Celui-ci donne toujours naissance à un varroa mâle. Puis d’autres œufs – à trente heures d’intervalle – qui donneront naissance à des femelles. Les jeunes varroas, dont les chélicères sont trop faibles ne peuvent pas s’alimenter seuls. Ils vont utiliser le trou percé par leur mère pour s’alimenter.
Les jeunes varroas vont passer par plusieurs stades de développement. Cinq jours sont nécessaires pour qu’une femelle varroa atteigne la maturité.
La fécondation des jeunes femelles se fait par le mâle. Celui-ci est plus petit que ses sœurs. Très sensible à la déshydratation et incapable de se nourrir par ses propres moyens (son rostre piqueur n’est pas suffisamment dur pour percer la cuticule), le mâle ne peut pas survivre en dehors de l’alvéole. Ainsi, tous les varroas que l’on retrouve en dehors des alvéoles sont des femelles adultes.
La durée de nymphose est plus importante chez le faux-bourdon que chez l’ouvrière. Il sortira entre 3 et 4 femelles varroas supplémentaires d’une alvéole de faux bourdon, contre seulement 1 à 2 femelles pour une alvéole d’ouvrière. Le couvain mâle est naturellement préféré par les varroas, car il permet un développement optimal de la population.
Le varroa phorétique
Lorsque l’abeille sort de l’alvéole, la mère et les jeunes femelles fécondées sortent avec elle. La mère peut réinvestir immédiatement une autre alvéole pour se reproduire de nouveau. Par contre, les jeunes femelles doivent passer par une période de maturation d’environ une semaine. Elles vont se fixer à des abeilles adultes et de préférence sur des nourrices. Mais elles peuvent aussi parasiter des abeilles âgées et des faux-bourdons, ce qui permet la colonisation de nouvelles colonies. Après une semaine de maturation, les jeunes femelles sont prêtes à pondre. Elles vont se mettre en quête d’une alvéole.
Les femelles non matures et non fécondées – au moment de la sortie de l’abeille de son alvéole – ne peuvent pas survivre en dehors de celle-ci et meurent rapidement. Ainsi les varroas phorétiques en plus d’être des femelles, sont aussi fertiles. Et théoriquement un seul varroa introduit dans une colonie peut être à l’origine de son infestation.
Une femelle varroa peut successivement infester deux à trois cellules durant sa vie. Son espérance de vie est de 2 mois lorsqu’elle parasite des abeilles d’été et jusqu’à six mois lorsqu’elle parasite les abeilles d’hiver.
Dynamique de la population des varroas
La population des varroas au sein de la colonie d’abeilles va varier en fonction du temps. Elle se développe constamment durant la période d’activité de la colonie.
Un développement fulgurant
On estime que la population des varroas d’une ruche double tous les vingt jours. Mais cette dynamique dépende de plusieurs facteurs et plus particulièrement la quantité de couvain à infester.
Les fondatrices peuvent infester les alvéoles des ouvrières ou bien les alvéoles des faux-bourdons. Mais elles ont une préférence pour ce dernier. Ce couvain mâle joue un rôle majeur, car il permet un meilleur taux de reproduction pour l’acarien.
Toutefois, les faux-bourdons ne sont pas présents tout au long de l’année. Et leur couvain est surtout présent au printemps, durant la saison de l’essaimage, entre le mois d’avril et le mois de juillet.

Le couvain mâle va davantage attirer les fondatrices. Mais les alvéoles qui reçoivent les larves d’ouvrières sont également parasitées.
La présence prolongée du couvain est profitable aux varroas. La douceur automnale, caractéristique de nombreuses régions tempérées européennes, est favorable à la ponte de la reine. Il en va de même pour les printemps précoces qui permettent une reprise de ponte tôt en saison. Les années particulièrement chaudes (et le réchauffement climatique) sont favorables au varroa.
La rupture de ponte de la reine freine la prolifération des acariens
Le comportement d’essaimage et la rupture de ponte souvent constatés durant la période hivernage vont agir comme un frein sur la croissance de la population des varroas. C’est d’ailleurs ce qui permet aux colonies sauvages de démontrer une résistance plus importante que les colonies gardées dans des ruches. Car bien souvent l’apiculteur s’oppose à l’essaimage naturel en détruisant les cellules royales qui contiennent les futures reines.
Mais l’essaimage ne permet pas de se débarrasser des varroas. Les acariens vont alors passer sur les abeilles et attendre de retour du couvain.
Une tolérance en deçà d’un seuil critique
Un seuil critique de varroa de 2000 acariens par ruche est souvent fixé comme une limite à ne pas dépasser. Au-dessus de ce seuil, on peut constater une baisse de production en miel par ruche, mais aussi l’apparition de signes de maladie.
Mais ce seuil va dépendre du nombre d’abeilles dans la colonie et de l’importance du couvain. Si celui-ci vient à se réduire alors les varroas vont se tourner vers les abeilles pour se nourrir. Les dégâts sur la colonie sont importants et elle s’expose à son effondrement.
L’apiculteur doit donc compter les varroas et estimer la population d’acariens dans la colonie. Si leur nombre devient trop important, il doit avoir recours à un traitement pour en tuer le maximum.